Democratic Republic of Congo

Des entraînements avec un ancien champion de boxe, une manne pour des femmes pour protéger et nourrir leurs familles

Pour des femmes qui s’entraînent avec un champion de boxe à Goma, la boxe, c’est plus qu’un sport. C’est un moyen pour se battre pour faire leurs preuves, gagner leur vie et protéger leurs familles.

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Women Train Under Former Boxing Champion to Protect, Provide for Families

Ley Uwera, GPJ RDC

Assitou Mudiay, 20 ans, affirme que la boxe lui donne un sentiment d’être forte face au chaos de la vie quotidienne à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu en RDC.

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GOMA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — Il est 6 heures pile du matin, et des femmes en tenue de combat sont au rendez-vous.

Elles portent des t-shirts, des chaussures à lacets et des gants de boxe.

Assitou Mudiay, 20 ans, Aisha Heri, 28 ans, Leila Bosombi, 26 ans et Safi Moke, 25 ans, font du stretching et du jogging sans oublier de se réchauffer avant que leur séance d’entraînement ne commence. Selon ces quatre femmes, elles montent sur le ring pour se mettre à l’épreuve et booster leur quête d’une vie meilleure.

Ces quatre femmes n’ont que leur sort entre les mains de Balezi Bagunda, leur entraîneur et ancien champion de boxe, qu’elles appellent Kibomango – son surnom de boxeur.

Bagunda affirme qu’entraîner ces boxeuses est sa passion.

« Force gens avancent l’idée que les filles sont incapables d’aller de l’avant dans la boxe », affirme Bagunda. « Et pourtant, les filles jouissent de suffisamment de robustesse physique, et pourront, si besoin est, assurer leur propre défense grâce à la boxe ».

Comme antidote à la violence sexuelle et à la pauvreté endémique, ces femmes choisissent de monter sur le ring pour faire preuve de leur force et tenter de se faire du pognon en perçant dans la boxe. Et elles se sont confiées à Global Press Journal pour dévoiler la source de leur soif pour la boxe.

 

Assitou Mudiay

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Ley Uwera, GPJ RDC

Assitou Mudiay fait des entraînements de la boxe tous les matins à 6 heures du matin. Quand l’entraînement tire à sa fin, elle retourne à la maison pour visionner des DVD de ses combats passés.

« La vie à Goma, c’est un combat dur et quotidien », avoue-t-elle. « La boxe me permet d’avoir assez de force pour faire face aux affres de la vie quotidienne ».

Tôt le matin, la séance d’entraînement tire à sa fin et elle rentre à la maison pour se mettre à la deuxième phase de ce qui fait partie de son train-train quotidien: passer en revue ses combats passés.

Elle tire une pile de DVD sur lesquels on peut visionner chaque combat de sa carrière de boxe. De plusieurs dizaines de combats auxquels elle a participé depuis 2013, année où elle a fait son entrée dans des compétitions, elle n’a remporté que cinq, mais elle persiste et signe, réitérant sa détermination à faire ses preuves et à aller de l’avant dans sa carrière et, comme elle l’affirme, pouvoir réaliser des revenus plus importants.

Pour chaque combat gagné, elle empoche entre 50 et 100 dollars, et ce, en fonction de la générosité du sponsor. Et pour tout combat perdu, elle rentre bredouille, et se voit parfois donner des frais de transport, révèle-t-elle.

« Je continue à travailler dur tous les jours », confie-t-elle. « La boxe, c’est ma vie. C’est tout ce que je possède ».

 

Aisha Heri

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Ley Uwera, GPJ RDC

Aisha Heri n’est pas encore une boxeuse professionnelle, mais elle s’entraîne pour l’être un jour.

À 28 ans, Heri est l’aînée du quatuor entraîné par Bagunda. Elle affirme avoir choisi la boxe pour faire face aux menaces dans les rues de Birere, quartier à forte densité de Goma connu pour sa pauvreté. À ce jour, il lui reste encore du chemin à parcourir pour devenir une boxeuse professionnelle, mais espère l’être un jour.

« Il n’y pas un seul jour qui passe sans que l’on entende des cas de bandits qui s’attaquent aux habitants », lance-t-elle, ajoutant que les femmes sont plus souvent que les hommes victimes de violences.

« Aujourd’hui, la boxe me donne un caractère fort, autant physiquement que moralement, car je sais que je peux assurer ma propre défense en cas de danger », fait-elle savoir.

 

Leila Bosombi

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Ley Uwera, GPJ RDC

Leila Bosombi est diplômée d’études secondaires et espère aller à l’université. Entre-temps, elle s’entraîne pour devenir une boxeuse professionnelle.

Bosombi, 26 ans, a grandi à Goma. Contrairement à certains des membres du quatuor, elle est diplômée d’études secondaires et espère aller à l’université. Elle s’est éprise de la boxe en réponse à la triste réalité qui est telle que les femmes congolaises sont supposées être plus faibles que les hommes qui ont souvent autorité sur elles, précise-t-elle.

« Au fond de moi, j’éprouve un sentiment d’être une femme forte et courageuse », annonce-t-elle.

Elle espère que les jeunes filles pourront la voir boxer et marcher sur ses traces, dit-elle. Elle a encore du chemin à parcourir pour être une boxeuse professionnelle, mais elle s’active pour y arriver.

« Boxer, ce n’est en somme qu’une thérapie qui est un énorme coup de pouce pour stimuler la confiance en soi », dit-elle. « Cela permet d’affronter les défis de ce monde sans peur ».

 

Safi Moke

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Ley Uwera, GPJ RDC

Safi Moke affirme avoir percé dans la boxe pour être capable de protéger ses enfants.

Moke, 25 ans, vit sous le toit de ses parents avec ses deux enfants. Elle perce dans la boxe en tant que moyen d’affronter les conditions difficiles, dit-elle.

« La boxe est mon arme de traversée des moments difficiles », confie-t-elle.

Femme abandonnée par son mari, Moke affirme embrasser la boxe pour protéger ses enfants. Elle a décroché depuis peu un poste de garde de sécurité chez Delta Force Group, société qui offre des services de sécurité aux banques.

« La boxe, c’est ma vie, et pas un jour ne se passe sans que je participe aux séances d’entraînement. Des progrès, il est vrai, je les ferai dans ma carrière », assure-t-elle, ajoutant que son pari est de se faire un une solide réputation mondiale dans la boxe féminine.

Son emploi de garde de sécurité lui rapporte 100 dollars par mois, ce qui lui permet de nourrir sa famille.

L’entraîneur Kibomango entraîne ces femmes gratis. La boxe le passionne, mais son objectif numéro un est d’aider ces femmes à gagner non seulement de la force, mais également de la confiance, dit-il.

« Ces filles sont incroyables », raconte-t-il. « J’aurais aimé voir un plus grand nombre de filles congolaises dans le club [de boxe]. Le mobile de la boxe n’est pas de se battre, il est d’apprendre à se défendre en toutes circonstances ».

Adapté à partir de sa version originale en français par Ndayaho Sylvestre, GPJ.