Democratic Republic of Congo

Soins à domicile par des infirmiers : solution de rechange prisée par des habitants en RDC face aux tarifs trop élevés dans les hôpitaux

Souvent, les soins dans les hôpitaux à Kisangani, en République démocratique du Congo, sont prohibitifs pour certaines gens. Des infirmiers, en passe de devenir si vite une solution de rechange très prisée, font des visites à domicile pas chères, mais certains d’entre eux sont des prestataires non qualifiés.

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In DRC, Unlicensed Nurses Make House Calls For Cheap

Françoise Mbuyi Mutombo, GPJ RDC

Myriam Ndjunga, infirmière, soigne Clarisse Ngoma dans un centre de santé à Kisagani, en République démocratique du Congo. Ndjunga fait son travail en toute légalité, mais nombreux sont les infirmiers qui font des visites à domicile dans cette ville pour gagner plus. Et pourtant, certains d’entre eux n’ont pas le feu vert pour offrir des soins.

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KISANGANI, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — Voyant son fils être la proie du paludisme, Agatte Kimoto savait une chose : ses moyens de le faire soigner à l’hôpital faisaient défaut.

Pour elle, il fallait recourir à une option low cost pour permettre à son fils de bénéficier des mêmes soins que ceux qu’il allait recevoir à l’hôpital : appeler un infirmier.

« Ils traitent de la même façon qu’à l’hôpital », Kimoto déclare. « Seulement, la différence c’est parce que c’est à la maison ».

Aux dires des infirmiers et d’autres professionnels de santé à Kisangani, l’un des principaux centres urbains dans ce pays d’Afrique centrale, maigre est leur salaire en contrepartie de leur labeur dans des hôpitaux et dispensaires. L’Ordre national des infirmiers du Congo fixe le salaire mensuel des infirmiers à 160 000 francs. Pour joindre les deux bouts, à en croire certains de ces professionnels de santé, ils offrent des soins à domicile. Souvent, leurs bénéficiaires déboursent entre 2 000 et 3 000 francs, ce qui est une somme dérisoire par rapport au tarif dans les hôpitaux, mais suffisant pour donner envie à un infirmier de fournir des soins en dehors d’un cadre formel.

Selon Suzi Aruna Feza, infirmière au centre de santé Mapendo à Kisangani depuis 2015, son salaire est loin de suffire. Sa survie, confie-t-elle, dépend des visites à domicile.

Pourtant, ces infirmiers palliant l’insuffisance des salaires ne sont pas les seuls à offrir des soins à domicile.

La loi congolaise prévoit que quiconque exerce la profession infirmière doit se faire inscrire à l’Ordre national des infirmiers du Congo. Selon Jerome Bonui Boliaka, chef représentant de l’Ordre dans la Tshopo, province qui abrite la ville de Kisangani, une telle inscription est ouverte aux seuls titulaires d’un diplôme approprié de niveau universitaire. La province, révèle-t-il, compte 1 405 infirmiers inscrits à l’Ordre. Pourtant, ajoute-t-il, le nombre de ceux qui font des visites à domicile pour l’offre de soins médicaux est de loin plus élevé que celui-là.

Ils traitent de la même façon qu’à l’hôpital. Seulement, la différence c’est parce que c’est à la maison.

Le Dr Rodrigue Abedi, médecin à l’Hôpital général de référence Makiso-Kisangani, ces gens profitent d’une lacune dans la législation congolaise qui ne réglemente pas spécifiquement la prestation de soins à domicile.

Aristote Mbala est un infirmier de formation, mais son espoir de décrocher un emploi rémunéré dans une clinique ou un hôpital n’est que chimère. Ainsi, il a fait des soins à domicile son métier de la débrouille pour gagner sa croûte.

« Il s’agit juste d’avoir le matériel de travail et la connaissance du métier », lâche-t-il.

Mais Jeannine Aridja, 42 ans, femme de ménage et mère de six enfants, affirme que ni elle ni aucun membre de sa famille ne cherche ni ne reçoit de soins à domicile.

« Je sais très bien que l’unique endroit pour recevoir le traitement c’est à l’hôpital, pour le bon traitement », déclare Aridja.

Même si le fric peut lui faire défaut, Aridja n’a jamais recouru aux prestataires de soins à domicile.

« Même quand je n’ai pas beaucoup d’argent sur moi, je dois d’abord aller à l’hôpital pour voir ce qui se passe. Je n’ai jamais souhaité solliciter un infirmier de venir chez moi », ajoute Aridja.

Adapté à partir de sa version originale en français par Ndahayo Sylvestre, GPJ.