Depuis des années, les électeurs en République démocratique du Congo attendaient la satisfaction de déposer un bulletin dans l’urne avant que les bureaux de vote n’ouvrent finalement leurs portes, du moins dans certaines régions du pays, le 30 décembre.
Cette présidentielle était initialement prévue pour 2016. Au pouvoir depuis 2001, le président Joseph Kabila a repoussé les élections à plusieurs reprises, un geste qui s’est attiré de nombreuses critiques des organismes de défense des droits de l’homme et d’autres gouvernements. Lorsque Kabila a annoncé, en août, qu’il ne briguerait pas sa propre succession, des analystes et de nombreux Congolais craignaient que les élections ne soient truquées pour lui permettre de rester au pouvoir autrement que par l’accession à la magistrature suprême.
L’élection était prévue pour le 23 décembre, mais elle a été reportée en partie à cause d’un incendie dans un entrepôt qui a détruit certaines des machines à voter électroniques qui, aux yeux de nombreux Congolais, allaient servir d’arme de fraudes. Quoique certains bureaux de vote aient ouvert leurs portes le 30 décembre dans la grande majorité du pays, ils sont restés fermés dans certaines régions, ce qui, selon les représentants du gouvernement, visait en partie à protéger la population contre l’épidémie d’Ébola qui a fait toujours des ravages dans certaines parties de l’est de la RDC.
Après la fermeture des bureaux de vote, le gouvernement a procédé à la coupure d’Internet dans certaines régions, indiquant qu’il serait rétabli après la publication des résultats prévue le 6 janvier.
Selon un rapport publié en décembre par le Congo Research Group, ou Groupe d’étude sur le Congo, Martin Fayulu, le principal candidat de l’opposition, allait, selon les prévisions, recueillir 47 pourcent des voix, contre 19 pourcent pour Emmanuel Shadary, le dauphin de Kabila.
Alors que des querelles entre les politiques se cristallisent autour des élections et les électeurs se préparent à d’éventuelles violences nourries par ce qui arrivera par la suite, la vie quotidienne en RDC est une scène où le clientélisme chronique, les infrastructures en ruine et la pauvreté sont intimement mêlés.
Partout dans le pays, des élèves peinent à étudier dans des écoles qui sont si mal équipées qu’elles ne répondent pas au minimum de leurs attentes. En saison des pluies, les routes sont si boueuses que les déplacements, et encore moins le transport des biens essentiels, deviennent quasiment impossibles.
Les incroyables ressources naturelles dont regorge le pays sont mal gérées, et des habitants qui prennent le chemin des mines pour gagner leur vie se retrouvent dans des conditions de travail dangereuses, voire même mortelles. Souvent, des efforts d’amélioration des institutions civile, y compris le système judiciaire pour protéger les citoyens ordinaires, restent à l’arrêt. La violence a atteint des proportions endémiques dans de vastes portions du pays.
Touche plus claire dans ce sombre tableau, pourtant : des agriculteurs dans une région rurale de la province du Nord-Kivu affirment gagner du fric grâce à leurs cultures de café qui suscitent un engouement à l’échelle mondiale. Nombre de familles et d’amis célèbrent des mariages et des activistes poursuivent leur travail de conservation de la faune. Des citoyens cherchent leurs propres solutions à l’échelle communautaire pour subvenir à leurs besoins essentiels.
Quelle que soit l’issue du scrutin, la vie dans les communautés souvent isolées de ce pays, dont la plupart sont éloignées de la capitale Kinshasa, va continuer, et ce, comme elle l’a toujours été.