GOMA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — À Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, la population augmente et de nouveaux buildings et routes continuent de sortir de terre au pied du volcan Nyirangogo. Il y a quinze ans, les coulées de lave de la dernière éruption ont envahi des parties de la ville, tuant plus de 100 personnes et laissant environ 100 000 sans-abris.
L’éruption de Nyiragongo a ravagé l’économie de la région, qui a reculé de 80 pour cent, déclare Kacho Karumu, directeur général de l’Observatoire volcanologique Goma (OVG). Parmi les zones les plus dévastées figurent les quartiers de Majengo, de Murara et de Virunga, et une partie du centre-ville par laquelle les coulées de lave passaient avant de s’enfoncer dans le lac Kivu, formant une énorme boule de pierres de lave.
Aujourd’hui, Goma continue de rebondir. Des buildings flambant neuf et quelques hôtels sont construits directement sur des couches de pierres de lave fondues. Des routes ont été reconstruites, les travaux d’agrandissement de l’aéroport sont prêts à démarrer et la ville est devenue plus grande qu’avant l’éruption, avec une population d’environ 1 million de personnes.
Prise entre la lave et le désespoir depuis si longtemps, aujourd’hui Goma inspire chez tout un chacun un sentiment de fierté. Et pour cause, la ville se vêtit d’une nouvelle robe.
La pierre volcanique laissée par la catastrophe sert à la construction de routes et de ronds-points et coûte moins que la brique ou le ciment. Marc Kasereka, habitant de Goma, affirme qu’avant l’éruption il devait marcher plus de 3 kilomètres avant d’accéder au moyen de transport en commun pour se rendre au travail.
«Dans mon quartier, je ne pouvais accéder au transport en commun car il n’y avait pas de routes», affirme-t-il. «Mais après l’éruption, des routes ont été construites, et voilà que moi aussi, je peux accéder au transport en commun sans beaucoup de difficultés».
Munyerenkana Machozi, habitant de Goma depuis plus de 30 ans, tire fierté de la résurrection de la ville. Elle affirme que l’éruption de Nyiragongo a donné aux autorités et aux habitants de Goma l’élan pour vêtir la ville d’une nouvelle robe.
«Que c’est beau de voir la ville de Goma renaître de nouveau et plus belle qu’avant !», se réjouit Machozi.
Malgré la satisfaction quant à la résurrection de leur ville, les habitants de Goma continuent à vivre sous la menace du majestueux Nyiragongo.
Les stratovolcans, comme Nyiragongo, qui sont constitués de couches alternées de lave et de cendres, sont les plus pittoresques et les plus meurtriers.
À en croire les géologues, Nyiragongo est l’un des volcans les plus dangereux de la planète. En 2016, le volcan a commencé à émettre des grondements quand une nouvelle fissure a éclaté sur son côté est. Le parc national Virunga où se trouve Nyiragongo invite les touristes à voir des fontaines de lave jaillir de la fissure.
En même temps, l’Observatoire volcanologique de Goma, institut scientifique qui étudie les conséquences environnementales et surveille Nyiragongo et un autre volcan voisin, Nyamuragira, ainsi que le gaz méthane au lac Kivu, a mis en place une sirène d’alerte précoce dans le centre-ville de Goma. Le gouvernement alertera les habitants si ou lorsque le mont Nyiragongo déverse son courroux à nouveau.
Et malgré l’existence d’un plan d’évacuation, y compris des stations de sauvetage le long de l’itinéraire hors de la ville, nombreux sont des habitants qui préfèrent ne pas penser qu’une autre catastrophe aussi grande que celle de 2002 se reproduira un jour.
Adapté à partir de sa version originale en français par Ndayaho Sylvestre, GPJ.