GOMA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – Après la tombée de la nuit, il est rare d’entendre un vendeur crier pour attirer la clientèle sur ses poissons, sa viande ou ses légumes.
Partout dans cette ville, les habitants, craignant pour leur sécurité, ne peuvent plus faire de balade après le coucher du soleil.
Mais à Himbi, quartier de classe moyenne à Goma, le marché Alanine reste animé même après les heures de travail, et ce, grâce à de nouveaux éclairages solaires.
De par sa célèbre vie nocturne connue depuis peu, ce quartier a été baptisé « Miami ». Même à 19 heures, les salons de beauté qui entourent le marché sont remplis de femmes en train de se faire défriser et tresser les cheveux. De l’autre côté du marché, un coiffeur devenu célèbre pour son savoir-faire en matière de modèles de coiffure pour hommes est lui aussi plus occupé que jamais. Ce soir-là, cinq messieurs attendent leur tour pour se faire faire l’une des meilleures coiffures congolaises.
Des magasins d’alimentation ont été également ouverts. On y trouve des kiosques qui proposent de la viande cuite, des frites et des haricots. Les enfants jouent dans la rue et Himbi apporte le témoignage d’un quartier où les gens se baladent sans crainte.
La sécurité dans un quartier de Goma est une grande réussite. Dans cette ville, la tombée de la nuit a longtemps été synonyme d’avertissement d’évacuation de la rue pour laisser la place aux bandits armés circulant librement et créant un climat de peur dans toute la communauté.
Jusqu’à tout récemment, Himbi était un quartier de classe moyenne en proie à de tels défis.
« Personne ne pouvait oser circuler ici après 19 heures», dit Samuel Ndoole, élu chef du quartier de Himbi.
Ndoole affirme que Himbi compte aujourd’hui 52 panneaux solaires grâce à un projet qui a été initié par l’ancien maire de la ville en collaboration avec une organisation allemande dont la dénomination est « Fonds pour la consolidation de la paix en RDC.» Cet éclairage a été installé à la fin de 2015 et le projet a également contribué à la construction de routes goudronnées et à l’installation de bancs sur des routes dans cette zone. Selon les informations recueillies auprès des sources au sein du Fonds pour la consolidation de la paix en RDC, le budget total de ce projet s’élevait à 828 $. Entre autre projets, cette organisation a, en outre, contribué à la reconstruction d’un marché dans le Nord-Kivu et à l’aménagement des zones rizicoles dans le Sud-Kivu.
«Pour l’heure, les habitants peuvent circuler même durant les heures tardives sans peur d’être agressés, » raconte-t-il.
«Je me souviens avoir reçu un coup tellement dur sur ma tête que j’ai immédiatement perdu connaissance. À mon réveil, je me suis retrouvé à terre sans plus rien sur moi. Ils m’ont tout pris : porte-monnaie, chaussures en cuir, montre et ordinateur portable. »
Asumani Tumaini, habitant de Goma dans le quartier de Ndosho, affirme lui aussi avoir été victime d’un vol en avril en rentrant chez lui pendant la soirée après avoir participé à une réunion.
Himbi fait figure d’exception parmi les zones dépourvues d’électricité en RDC.
Selon la Société nationale d’électricité (SNEL), seulement 15 pour cent de la population du pays à accès à l’électricité et cet accès est, dans la majorité des cas, intermittent. L’offre de la SNEL en courant électrique dans la ville de Goma ne se chiffre qu’à 7 mégawatts par jour alors que la desserte en électricité de la grande partie de la ville exigerait une offre d’au moins 45 mégawatts, a précisé un employé de la SNEL, sous couvert d’anonymat.
Même dans un tel cas, la plupart des ménages n’étant pas raccordés au réseau électrique et face à l’absence de réseau électrique approprié, n’en tireraient certainement aucun avantage, affirme l’employé de la SNEL.
La peur de marcher dans les rues après la tombée de la nuit reste fondée.
Asumani Tumaini, habitant de Goma dans le quartier de Ndosho affirme lui aussi avoir été victime d’un vol en avril en rentrant chez lui pendant la soirée après avoir participé à une réunion.
«Je me souviens avoir reçu un coup tellement dur sur ma tête que j’ai immédiatement perdu connaissance. À mon réveil, je me suis retrouvé à terre sans plus rien sur moi. Ils m’ont tout pris : porte-monnaie, chaussures en cuir, montre et ordinateur portable. »
Un jour à l’heure du crépuscule, Jasmin Rehema, habitante du quartier de Keshero, rentrait chez elle après avoir visité une amie à elle à l’hôpital quand elle a été attaquée par des voleurs qui ont failli arracher ses oreilles en tentant de s’emparer de ses boucles d’oreilles en or.
«À peine arrivée dans mon quartier, j’ai entendu des bruits de pas derrière moi», dit-elle. «Je fus subitement envahie par la panique et commençai à marcher à grands pas.»
Mais, dit-elle, ils ont continué à me suivre.
«Ensuite, j’ai pris mes jambes à mon cou, mais je me suis malheureusement heurtée contre une pierre car il faisait très sombre. Ils m’ont finalement rattrapée,» dit-elle.
Les bandits ont pris son sac à main dans lequel se trouvaient 150 $ qu’elle avait gagné dans sa boutique. Comme ils allaient la laisser gésir par terre, l’un d’eux a vu qu’elle portait des boucles d’oreilles, dit-elle.
«Ils les ont brutalement arrachées de mes oreilles et ont failli les arracher de ma tête, » dit-elle.
Ce genre d’agressions étaient devenues monnaie courante à Himbi aussi, dit Ndoole, mais les taux de criminalité sont à la baisse.
Il dit qu’environ seulement 10 cas de criminalité ont été signalés depuis l’installation de l’éclairage public.
« Depuis l’installation de l’éclairage public à énergie solaire, je me sens en sécurité et je parviens même à vendre mes produits à n’importe quelle heure du jour et de la nuit sans crainte d’être victime de harcèlement ou de banditisme », dit Juvenal Zirirane, commerçant de Himbi.
D’autres commerçants affirment que le commerce est en plein essor à Himbi.
Aziza Masika, 36 ans, se plaigne d’être confrontée à des défis en raison des coupures de courant qui se produisent sans cesse dans son bar situé dans le quartier de Katindo.
«Et quand les clients me demandent de leur donner des boissons fraîches à boire, je ne sais pas quoi faire car je ne peux jamais oser brancher mon réfrigérateur sur le groupe électrogène. Et pour cause, je ne peux pas me permettre de payer le prix du carburant, » explique-t-elle.
À Himbi, les choses sont bien différentes.
«Aujourd’hui, je peux gagner jusqu’à 50 $ par jour, alors qu’avant l’installation de l’éclairage public à énergie solaire je pouvais à peine gagner 20 $ par jour», dit-elle. « Je nourris ma famille grâce à ce bar et mes enfants sont à l’université. »
Le quartier de Himbi à Goma fait figure d’exception en RDC où seulement 15 pour cent de la population dispose de l’électricité. Les habitants et les commerçants de Himbi affirment que les panneaux solaires ont changé leur vie en fournissant de l’électricité 24 heures sur 24.