KISANGANI, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — Il avait jadis un seul nom, c’est bel et bien celui de légume pour des pauvres.
Or de nos jours, le gombo est ce légume devenu prisé par de nombreux habitants de Kisangani qui lui collent le nom de dongo-dongo. Marie Ange Abedi, par exemple, a fini par en faire une composante du menu hebdomadaire de sa famille.
« C’est un légume que nous avons toujours eu l’habitude de consommer dans notre famille », précise-t-elle.
Reconnu localement, il n’y pas si longtemps, pour avoir des propriétés pour combattre cette maladie en hausse qu’est le diabète, le gombo teinte de plus en plus les menus des familles en RDC.
« Par le passé, je n’avais même pas l’idée de ses incroyables bienfaits sur la santé », avoue Abedi. « Mais par la suite, j’ai suivi une émission sur la nutrition diffusée sur des haut-parleurs montés sur le marché et dans laquelle l’animateur parlait en long et en large du gombo. À l’en croire, non seulement il est un légume, mais en plus il est une plante médicinale ».
En RDC, le gombo est depuis longtemps considéré comme étant un aliment pour des pauvres, et comme des nutritionnistes vantent ses bienfaits aujourd’hui, il devient un aliment de base de chaque semaine sur le marché local. Aussi le gain de popularité du gombo sur des marchés locaux va-t-il de pair avec une augmentation du nombre de diagnostics de diabète.
La RDC compte 3,3 millions de cas de diabète et la connaissance de cette maladie et les capacités de son dépistage vont croissant au niveau local. La recherche étant toujours en cours, les patients affirment que le gombo a été un outil de gestion de leur glycémie dans les cas de diabète de type 1, de type 2 et de diabète gestationnel.
Se dégustant cuit à la vapeur, bouilli, voire même frit, le gombo est généralement concocté avec des ingrédients traditionnels tels que le riz, la banane et le foufou.
Dominique Sekuma Lokwa, nutritionniste, affirme que le gombo regorge d’éléments nutritifs capables de prévenir, soulager et combattre certains types de diabète et d’autres maladies.
« Une simple petite portion de gombo frais est riche en calories, protéines, fibres et glucides et regorge aussi d’acide folique, de vitamine C et de magnésium », explique Lokwa.
Selon Claudette Aluwa, sa famille est tombée amoureuse du gombo.
« Pas une seule semaine ne passe sans que nous ne mangions le gombo », glisse-t-elle, car le gombo guérit certains problèmes de santé de sa famille. « J’ai eu des douleurs d’estomac aiguës et j’ai dû gaspiller mon argent en médicaments jusqu’à ce qu’un ami me conseille d’acheter le gombo ».
Aluwa a payé 500 francs congolais pour le gombo, et ses problèmes d’estomac se sont volatilisés, confie-t-elle.
Aux dires d’Alphonsine Malisawa, des gens ici commencent à comprendre l’importance du gombo, légume qu’elle fait pousser dans son jardin depuis des années.
« Aujourd’hui, des clients sont légion à venir acheter mon gombo. Auparavant, je devais le distribuer à mes voisins, car personne ne voulait en acheter », déclare-t-elle, ajoutant qu’il est devenu un best-seller, lui rapportant plus de 20 000 francs par mois.
Des agriculteurs et des nutritionnistes se délectent du boom du gombo.
« Nos terres sont riches et, en tant que nutritionnistes, on ne se lassera jamais d’éduquer les gens sur la nécessité de maintenir leur santé en mangeant des aliments qui sont bons pour leur corps », assure Lokwa.
Adapté à partir de sa version originale en français par Ndahayo Sylvestre, GPJ.