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Cette carte illustre les tendances du fémicide en Amérique latine et dans les Caraïbes, montrant les divers efforts de la région pour mettre en œuvre des politiques de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Malgré la mise en place de politiques appropriées, de nombreux pays voient leurs taux de féminicide rester stables, voire augmenter.

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Loi criminalisant le féminicide ({{currentCountry?.stats?.femicideLawYear}})
Le féminicide est-il inclu dans le code pénal?
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Aucune loi criminalisant le féminicide
Le féminicide est-il inclu dans le code pénal?
Loi sur la violence domestique
La violence domestique est-elle inclue dans le code pénal?
Aucune loi sur la violence domestique
La violence domestique est-elle inclue dans le code pénal?
Base de données publique sur le féminicide
Le gouvernement publie-t-il des données actualisées sur le féminicide?
Aucune base de données publique sur le féminicide
Le gouvernement publie-t-il des données actualisées sur le féminicide?
Mesures de protection
Ordonance de protection, pension alimentaire, etc.
Aucune mesure de protection
Ordonance de protection, pension alimentaire, etc.
A ratifié la CEDAW
Traité international sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes
N'a pas ratifié la CEDAW
Traité international sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes
A ratifié Belém do Pará
Traité régional pour l'élimination de la violence a l'égard des femmes (1994)
N'a pas ratifié Belém do Pará
Traité régional pour l'élimination de la violence a l'égard des femmes (1994)
A effectué une étude sur la violence contre les femmes depuis 2016
Le gouvernment a-t-il effectué une étude sur la violence contre les femmes ces dernières années?
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Aucune étude menée sur la violence contre les femmes depuis 2016
Le gouvernment a-t-il effectué une étude sur la violence contre les femmes ces dernières années?
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N/A
Taux de féminicide pour 2021
par 100 000 femmes (2021)
Llégère baisse
Aucun changement
Légère baisse
Augmentation
Forte augmentation
Baisse
Forte baisse
Aucune donnée disponible
Changement dans le taux de féminicide de 2017 à 2021
Un reportage spécial sur la violence sexiste
15 ans après la première loi sur le féminicide en Amérique latine, les meurtres continuent
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, cette série en cinq parties examine la manière dont les gouvernements de la région luttent pour freiner les tueries – et les nombreuses façons dont les femmes luttent pour leur survie.
Lire cet article en

BUENOS AIRES, ARGENTINE – Le père de Sofía Rodríguez a tué sa mère, Noemí Cristina Rodríguez, en mai 2019. Lorsqu'un policier de Buenos Aires a vidé le sac à main qu'elle portait à l'époque, le premier objet qui est tombé a été une ordonnance de protection. « Cela ne l'a pas du tout aidée d'avoir ce papier là-dedans. Elle le portait comme un bouclier. Pour elle, c'était comme si le fait de l’avoir là signifiait que rien ne lui arriverait », dit Rodríguez. Sa mère avait déjà déposé trois rapports de police contre son agresseur, et le document lui ordonnait de se maintenir à une certaine distance d’elle.

Depuis 2009, l'Argentine dispose de l'une des lois les plus avancées de la région contre la violence sexiste, qui comprend un ensemble de protections. Certains, comme les boutons d’alarme et les applications sur téléphone portable, permettent aux personnes en danger d’avertir immédiatement les forces de sécurité. Et plus récemment, le pays a introduit des dispositifs doubles de surveillance GPS, où l'agresseur porte un dispositif de suivi à la cheville et l'accusateur reçoit un capteur de sécurité de main ou en bracelet. Lorsque l'agresseur s'approche trop près, l'accusateur et les autorités sont automatiquement informés que l'agresseur a violé ordonnance de protection.

Mais ces mesures n'ont pas suffi à protéger Melissa Julieta Kumber, une policière dont l'ex-partenaire, également policier, l'a tuée en 2019. Kumber avait déjà dénoncé l'agresseur et demandé à un juge de délivrer une ordonnance de protection , mais ça n’a pas suffi, dit sa mère, Claudia Vallejos. « Cela n'a pas fonctionné, et je crois que la seule mesure qui pourrait sauver une femme du féminicide est que, lorsque la femme dépose un rapport, ils arrêtent [l'agresseur] et mènent une enquête approfondie. »

Le nombre de femmes assassinées chaque année en Argentine est resté essentiellement le même depuis 2008, la première année pour laquelle des données sont disponibles. Cette situation n'est pas unique à l'Argentine ; c'est le cas dans la majeure partie de l'Amérique latine et des Caraïbes, où la législation contre la violence sexiste est répandue.

Le Costa Rica est devenu le premier pays à criminaliser le féminicide en 2007, un terme qui remonte aux années 1970, lorsque l’auteure et féministe britannique Diana Russell l’a défini comme « le meurtre de femmes par des hommes parce qu’elles sont des femmes ». Depuis lors, 18 pays ont adopté cette classification.

Sur ces 18 pays, 13 ont adopté des lois exhaustives pour freiner la violence sexiste. Ces lois contiennent des mesures préventives, des initiatives éducatives et des dispositions de réparations pour soutenir les familles touchées par de telles violences. Parmi eux se trouve le Mexique, où les féminicides ont connu une augmentation. En 2021, en l’espace d’un an, plus de 1 000 femmes ont été assassinées pour des raisons liées à leur sexe, ce qui constitue une tendance inquiétante.

Et dans les Caraïbes, qui ont mis beaucoup plus de temps à adopter des lois spécifiques au féminicide, les taux de violence domestique sont parmi les plus élevés de la région.

Cela signifie-t-il que les lois, ainsi que les mesures de protection et de prévention y relatives, sont simplement inefficaces ?

Alejandra Valdés Barrientos, coordinatrice de l’Observatoire de l'égalité des genres pour l'Amérique latine et les Caraïbes à la Commission économique des Nations Unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes, estime que la question est complexe. « Aller à l’encontre de la culture signifie un combat législatif difficile », dit-elle. « Il est très difficile de changer et d’éradiquer le féminicide en raison des conditions dans lesquelles il se produit, qui sont une perpétuation… de modèles culturels patriarcaux, discriminatoires et violents et la prédominance d’une culture de privilège pour les hommes. »

Barrientos ajoute que, même si la plupart des pays ont introduit des changements dans leur code pénal, beaucoup manquent de législation qui aborde la prévention, tel que la réglementation de la représentation médiatique des femmes ou l’adoption de programmes éducatifs dans les écoles. « Nous pouvons continuer à mener de grandes campagnes médiatiques une fois par an, dit-elle, mais nous devons mener des actions permanentes pour sensibiliser les hommes et les femmes pour obtenir des changements. »

Elle reconnaît cependant que même une simple modification du code pénal a des effets significatifs sur la société et le système judiciaire. Cela permet aux autorités d'enquêter sur les crimes dans une perspective de genre et aide à la fois l'État et les ONG à collecter des données sur ces crimes, a-t-elle déclaré.

Un autre défi crucial dans le soutien des lois contre la violence sexiste est d'instaurer des réparations pour les proches d'une personne décédée par féminicide, explique Barrientos.

L'Argentine a été pionnière dans cette approche avec la loi Brisa de 2018, qui établit la responsabilité du gouvernement en matière de subsistance des proches des femmes assassinées, y compris le montant de l'aide alimentaire, ainsi que le moment et la manière où elle doit être fournie.

Mais rien de tout cela n’aidera Rodríguez à se remettre. Elle estime que seules des arrestations immédiates pourraient aider des femmes comme sa mère. « Je sens qu’il n’existe aucun remède à ce qui m’est arrivé. Cela se calme un peu, puis refait surface de temps en temps », dit-elle.

Le taux de féminicide au Guatemala a presque diminué de moitié depuis 2013, lorsque le gouvernement a commencé à collecter des données.

À Porto Rico, plus de la moitié des demandes d’ordonnances de protection pour cause de violence domestique sont refusées

Pendant plus d'un an, Neisha, 25 ans, a été maltraitée par son partenaire de cinq ans. Il scrutait constamment son téléphone portable, la forçait à fournir des explications à chaque fois qu'elle quittait la maison; les accès de jalousie devenaient quotidiens. Elle vivait dans une spirale de violence et la situation empirait.

Il y a trois ans, Neisha – qui préfère être identifiée uniquement par son prénom pour des raisons de sécurité – en est venue à croire que sa vie était en danger et a décidé de rapporter son cas. Elle s'est rendue au commissariat de police le plus proche avec des photos comme preuve et a été envoyée au quartier général de la police, un service de niveau supérieur, pour témoigner.

« Je voulais tout oublier, [mais] j’ai dû le regarder [son agresseur]. J'ai dû expliquer comment tout s'était passé, devant cette personne », dit-elle à propos du processus. Il a fallu trois mois à l’État pour émettre une ordonnance de protection, que Neisha a jugé rapide.

Lorsqu'une femme demande une ordonnance de protection à Porto Rico, les juges évaluent les preuves fournies et déterminent si sa vie est en danger. Ils ont l’autorité d'accorder une ordonnance de protection temporaire durant jusqu'à 20 jours. Au cours cette période, les deux parties sont convoquées pour une audience finale, au cours de laquelle l'ordonnance de protection définitive sera émise ou non. Ordonnance de protection définitive est le terme légal utilisé à Porto Rico pour désigner un ordre de protection à long terme.

La plupart des femmes de Porto Rico ne sont pas aussi chanceuses que Neisha. L'année dernière, plus de 8 000 femmes ont demandé une ordonnance de protection à Porto Rico. Moins de la moitié ont reçu l'ordonnance de protection définitive.

Selon Madeline Bermúdez, directrice de l’ Oficina de la Procuradora de las Mujeres (Office de défense des femmes), une agence gouvernementale, les ordonnances de protection sont refusées lorsque les juges « déterminent qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments » pour en accorder une. Parce que les femmes qui subissent des violences sont souvent désemparées, poursuit Bermúdez, elles « peuvent ne pas être en mesure de raconter certains faits ou d'exposer clairement leur situation ».

« Malheureusement », conclut Bermúdez, « les critères judiciaires nous ont souvent failli ».

Le refus fréquent de ces demandes peut signifier que les personnes qui ont été agressées sont obligées de retourner à la même situation, explique Lisdel Flores, directrice de Hogar Ruth, une organisation qui fournit un hébergement et des services aux femmes victimes de violence. « Cela ne sert à rien de modifier la loi s’il n’y a pas de réponse coordonnée. »

Neisha a obtenu une ordonnance de protection qui est restée en vigueur pendant six mois, mais le comportement de son agresseur n'a pas cessé. Il l'a suivie au travail, il lui a écrit, il l'a harcelée sur les réseaux sociaux. Elle avait peur pour sa vie. Elle n'est pas sortie pendant un mois, même pas pour travailler. Quand sa situation financière à commencer à en souffrir, son bien-être émotionnel a détérioré aussi.

« C'est littéralement un morceau de papier », dit-elle à propos de l'ordonnance de protection. « Ce n'est pas comme si [la police] surveillait pour s'assurer que [l'agresseur] ne soit pas à proximité ou quoi que ce soit du genre. … La responsabilité m’incombe à moi. »

En 2021, après une augmentation des cas de violence domestique et sexiste, Porto Rico a créé le Centre d'opérations de traitement des ordonnances de protection, chargé de centraliser électroniquement les demandes d'ordonnances de protection et d'assurer le suivi des ordonnances émises. Le centre opérationnel rapporte que, depuis 2022, le délai de traitement des ordonnances de protection est inférieur à deux jours.

Neisha a demandé que son ordonnance de protection soit prolongée de six mois supplémentaires, et l'agresseur l'a finalement laissée tranquille. Elle se sent forte d’avoir mis fin à cette relation, mais elle se demande encore si l’ordonnance de protection lui a sauvé la vie.

Le taux de féminicide au Mexique a presque triplé entre 2015 et 2021, même s'il reste inférieur à la moyenne régionale.

Au Mexique, les écoles manquent de sensibilisation à la violence sexiste

Sur les 32 États du Mexique, 24 ont décrété l'état d'alerte concernant la violence contre les femmes, un mécanisme prévu dans la loi générale de 2007 sur l'accès des femmes à une vie sans violence. L’état d’alerte impose aux autorités de mener des actions préventives, sécuritaires et judiciaires pour mettre fin aux violences faites aux femmes.

L'une des actions requises par l’état d’alerte est la mise en œuvre de programmes permanents de prévention des violences basées sur la sexualité et le genre dans les écoles et lycées.

Cependant, Herminia Morales, enseignante dans une école primaire ayant 37 ans d'expérience dans l'État du Chiapas – où 25 femmes sont mortes par féminicide entre janvier et septembre de cette année – affirme qu'il n'y a pas eu de programmes de sensibilisation pour le personnel de l'école où elle travaille.

« C'est dans les lois. Les décrets vont et viennent, mais ils ne sont que cela : des décrets. Et il n'y a pas de formation », dit Morales. « Je ne peux pas vous donner de pourcentages [exacts], mais d’après ce que je peux voir, je pense qu’environ 10 % des enseignants sont sensibilisés aux questions de genre. »

Alors que les décrets sur l'état d'alerte ont servi de mécanisme clé pour contraindre les autorités à se conformer à la loi, trop d'accent est mis sur les sanctions, déclare Ana Yeli Pérez Garrido, conseillère juridique à l'Observatorio Ciudadano Nacional del Femicidio, une organisation qui œuvre pour la justice pour les femmes décédées à la suite d'un féminicide, et directrice de l'organisation Justicia Pro Persona, qui promeut l'égalité entre les sexes. « Nous n’empêchons pas les féminicides. Cela n’a pas été notre stratégie, ni celle des autorités. … Aucun investissement n’a été réalisé pour éduquer la société. »

Au Mexique, près de trois femmes ont été tuées chaque jour à cause d'un féminicide en 2021. Au Brésil, cinq femmes ont été tuées chaque jour en 2021.

Yesenia Molina, enseignante et directrice de Telesecundaria Leona Vicario, un centre éducatif de San Cristóbal de Las Casas, raconte qu'en 2019, le Violentómetro a été livré à son école. Il se compose de documents d'information du gouvernement pour aider à identifier les niveaux de violence domestique. « Ils nous ont même donné des cartes ; un petit paquet est arrivé. Mais de toute façon, si vous ne prenez pas l’initiative de le lire, il ne se passera rien. »

Molina dit que les enseignants doivent écouter régulièrement leurs élèves raconter des histoires de violence. « Une [fille] s'est retrouvée sans uniforme ni matériel scolaire parce que son frère a mis le feu à la maison », dit-elle. « Une autre a été menacée pour avoir aidé une femme victime de violence à porter plainte. »

En réponse, elle et le reste des enseignants de l'école ont commencé à développer un projet à petite échelle comprenant des ateliers et du contenu audiovisuel pour les parents des élèves. « Nous l'organisons tous les vendredis, comme un mini groupe de discussion sur le cinéma », dit-elle.

Il y a cependant peu de soutien pour que le programme continue. « Personne ne nous a dit [de le faire] et il n'y a pas de formation, donc nous y sommes allés petit à petit », explique Molina. « En tant que directrice d'école, c'est dur pour moi. Mais c’est comme ça que je pense que cela pourrait fonctionner ici. »

Argentine

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Equipe Editoriale

Reporters
Lucila Pellettieri, Coraly Cruz Mejías, Marissa Revilla, Verlande Cadet
Editeurs
Taisa Sganzerla, Andrea Deydén
Recherches
Bennett Hanson, Luis Brito
Fact-Checkers
Felicity Laughton, Florencia Montaruli, Mira Galanova
Réviseuses
Allison Braden, Julieta Morales, Luz Adriana Santacruz Carrillo
Traductrices
Shannon Kirby, Aída Carrazco, Soukaina Martin, Megan Spada
Directrice de la rédaction
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Directrice du Contenu
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Créateur graphique
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Illustratrice
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