KIRUMBA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — Des taximen motos, affairés à rouler en quête de passagers, naviguent des routes poussiéreuses et l’air matinal devient la proie des gaz d’échappement.
Des motos rapides et bon marché sont un moyen de locomotion le plus courant pour des travailleurs et d’autres habitants de Kirumba, un village du territoire de Lubero, au nord-est de la RDC. À en croire les conducteurs proposant ce service en forte demande, les motos se vendent facilement sur place, en particulier celles de marque chinoise.
« Des motos made in China sont arrivées à pic, offrant un moyen de transport pas cher pour les habitants », explique Kambale Makasi, 48 ans, revendeur de motos.
Des agriculteurs et des commerçants se déplacent sur de longues distances pour aller labourer leurs terres, parfois en dehors du territoire de Lubero. Pourtant, l’insuffisance des infrastructures de transport leur met des bâtons dans les roues.
Même si l’accès routier est passé de 13 pourcent en 2006 à 45 pourcent en 2014, le secteur des transports en RDC est toujours confronté à des défis. Des années de conflit et de sous-financement se traduisent par le réseau routier en piteux état. Se rendre dans des chefs-lieux de provinces n’est pas une sinécure pour certains. Dans d’autres parties du pays, les transports routiers publics sont bondés, et le déplacement n’est ni fiable ni sûr.
Aussi se déplacer d’un endroit à l’autre n’est pas chose aisée vu le relief montagneux de Lubero. Beaucoup voyagent à pied et d’autres à vélo, et ce, depuis des années. Or aujourd’hui, des habitants se fient de plus en plus aux motos de marque chinoise pour leurs déplacements et pour le transport des marchandises, surtout leurs produits agricoles.
À Lubero, environ 80 pourcent des propriétaires de motos se servent des marques chinoises, explique Roger Vivalya Paluku, chef de division provinciale du ministère du Transport et Voies de Communication.
Des marques de motos, notamment Haojiang, Haojue et Haojin, s’offrent entre 1,18 million et 1,66 million de francs congolais, ce qui les rend moins chères que celles en provenance d’autres pays, comme le Japon. Selon Richard Virayi, président de l’Association des taximen motos et voitures, les taximen motos portent également leur choix sur des motos made in China car elles sont équipées d’amortisseurs robustes grâce auxquels elles naviguent avec aisance sur les collines et routes endommagées.
Importées par des propriétaires d’entreprises chinois et distribuées par des commerçants locaux, ces motos ont également contribué à la création d’emplois dans une région du pays où les opportunités d’emploi formel se raréfient et où les gens grossissent les rangs des groupes rebelles en quête de survie, ajoute Virayi.
Des conducteurs de motos fabriquées en Chine proposent généralement des tarifs variant entre 300 et 500 francs, dépendamment de la distance.
Charles Kasereka utilise sa moto Haojin comme taxi depuis cinq ans.
« J’apprécie cette moto à cause de sa qualité », confie-t-il. « Un jour béni, je peux réaliser entre 15 000 et 20 000 francs ».
Selon ce taximan moto de 29 ans, il a récemment acheté une parcelle de terrain avec ses revenus et compte y construire une maison d’ici peu.
D’autres, faisant office de revendeurs de motos, offrent en location ce moyen de locomotion. À Kirumba, des revendeurs de motos achètent environ 30 motos par semaine, souvent à Butembo, une ville située à environ 237 kilomètres au nord du village, précise Paluku.
Bonheur Luhembo loue sa moto Haojue plusieurs fois par semaine.
« Avec une recette de 30 000 francs congolais que mon conducteur remet par semaine, je parviens à satisfaire certains besoins nécessaires », explique-t-il.
Des motos sont un moyen de transport commode et pas cher pour des clients.
Fiston Mumbere, taximan moto, loue régulièrement des motos pour assurer un service payant de transport. Selon ses dires, il gagne trois fois plus que le prix de location de 32 000 francs.
Kambale Maelezo avait l’habitude de prendre une moto pour se rendre à sa ferme depuis sa maison de Bingi, un village situé à environ 35 kilomètres au nord-ouest de Kirumba. Selon ses dires, il devait payer jusqu’à 800 francs aux taximen motos dont les véhicules étaient des importations chères et non chinoises. Mais très rapidement, il a acheté sa propre moto made in China.
« Je campais directement au champ à cause de la longue distance », glisse Maelezo. « Dès que je me suis acheté une moto Haojiang, j’ai réussi à surveiller mes travailleurs et je fais l’aller-retour ».
Adapté à partir de sa version originale en français par Ndayaho Sylvestre, GPJ.