KOMANDA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — Le vrombissement des groupes électrogènes à vous casser les tympans est devenu le vécu quotidien à Komanda, une cité dans la province de l’Ituri en RDC. Des salons de coiffure, des cybercafés et des stands de recharge pour téléphones portables sont tous pourvus d’électricité depuis peu à l’heure où les groupes électrogènes sont devenus un mode de vie ici.
Comme presque partout ailleurs dans la province, Komanda n’a pas accès à l’électricité.
Toutefois, grâce à Kambale Kimbuli, commerçant du quartier, l’accès aux groupes électrogènes est désormais devenu réalité.
C’était en 2010 lorsque Kimbuli acheta son premier groupe électrogène portable. Ce groupe, initialement destiné à un usage personnel, a vite commencé à être affecté à la recharge des téléphones d’autres gens en déplacement à Komanda, un centre commercial local entouré de petits villages.
Très vite, il a acheté davantage de groupes électrogènes. Il a ouvert une petite salle où les habitants peuvent venir regarder la télé. Avec l’alimentation de la communauté en électricité, il a investi dans un groupe électrogène de grande capacité qui, aujourd’hui, permet d’alimenter des magasins et 50 habitations du quartier en électricité.
« Mon souhait le plus cher est de voir mon village avancer au rythme du monde », lâche-t-il. « Mais, sans électricité, nous resterons dans l’époque primitive et nos enfants ne sauront jamais où va le monde ».
Kimbuli ne cesse d’augmenter le nombre de ses groupes électrogènes pour alimenter des habitations et des magasins en électricité et Komanda a enregistré un développement rapide au cours des huit dernières années. Ce progrès, intervenu grâce à ces groupes électrogènes auxquels s’ajoute la connectivité accrue de la région, inquiète non seulement Kimbuli mais aussi d’autres habitants quant à sa viabilité. Ces groupes électrogènes tombent souvent en panne, et le gouvernement n’a rien prévu pour améliorer les infrastructures dans la région.
Kimbuli assure toutefois qu’il n’arrêtera pas de faire tourner son business de groupes électrogènes.
Pour garder son groupe électrogène de grande capacité en bon état de fonctionnement, tous les utilisateurs y compris les ménages et les entreprises règlent leurs factures en faveur de Kimbuli selon le modèle de paiement à l’usage. Aux dires de Kimbuli, le tarif mensuel payé pour l’usage domestique de base varie entre 8 000 et 80 750 francs congolais. Quant aux maisons de commerce comme des cybercafés, les prix sont plus élevés.
Le défaut par un client de régler sa facture entraîne son retrait de la liste de ceux qui ont droit au courant de son groupe électrogène, révèle Kimbuli.
Face au nombre croissant de ses clients, déclare Kimbuli, il a du mal à faire le suivi des paiements. Mais son business en plein essor se heurte à d’autres obstacles.
Selon ses dires, ses groupes électrogènes tombent parfois en panne si bien que même un mois passe sans électricité aux dépens de ses clients. Et la fermeture des portes s’ensuit pour des maisons de commerce fonctionnant à l’électricité.
Mbomba Bwambale, propriétaire d’un salon de coiffure dans ce village rural, affirme dépendre de ce groupe électrogène.
« Pourtant, il est des jours où nos activités s’arrêtent quand le groupe électrogène est en panne », déplore-t-il. « Pas facile du tout ».
Selon Jean Toyabo Katho, chef du village, il n’y a rien qu’il puisse faire face au manque d’infrastructures et d’électricité dans la région. Des représentants du gouvernement central qui se trouve à des milliers de kilomètres à Kinshasa ont fait le déplacement dans la région pour évaluer les besoins en infrastructures, mais leur visite n’a donné aucun résultat, révèle-t-il.
« J’espère qu’un jour le gouvernement central se préoccupera de notre situation car les membres de ma communauté aussi aimeraient jouir du bonheur d’avoir l’électricité chez eux », confie-t-il.
Pour l’heure, les maisons de commerce continuent d’offrir un éventail de services fonctionnant à l’électricité.
Françoise Zawadi, tailleur et mère de cinq enfants, compte sur ce groupe électrogène de grande capacité.
« Si je peux bien coudre les habits de mes clients grâce à cette machine, c’est grâce à ce groupe électrogène », déclare-t-elle.
Tenant une petite alimentation, Bora Nziavake se sert des groupes électrogènes pour conserver ses produits au froid et mettre un sourire sur le visage de ses clients.
« Mes clients sont heureux de pouvoir boire des boissons fraîches, surtout après une longue journée de travail », glisse-t-elle. « Et c’est grâce à notre groupe électrogène, car le gouvernement ne nous donne pas d’électricité ».
De l’avis des autres, Kimbuli fixe ses tarifs d’électricité hors de portée.
Selon Natahalie Dheve, femme de ménage, les tarifs du groupe électrogène de grande capacité sont inaccessibles à eux.
« Je remercie Kimbuli qui a amené ce groupe électrogène, mais les frais sont exorbitants et le courant n’arrive pas à nous tous », explique Dheve. « Le gouvernement devrait étudier les moyens de nous donner de l’électricité, car nous aussi en avons besoin, comme n’importe qui d’autre ».
Adapté à partir de sa version originale en français par Ndahayo Sylvestre, GPJ.