Democratic Republic of Congo

Quand une femme en RDC fait de sa passion de fabriquer la mandale, bière artisanale, un business florissant

Selon Furaha Tity, le fait par les clients du village d’être amateurs du goût de la mandale « c’est une façon non seulement de nous promouvoir, mais aussi de valoriser le travail de la femme ». Selon les dires des consommateurs, cette bière artisanale a la particularité d’avoir des propriétés énergisantes.

Read this story in

Publication Date

DRC Woman Has Turned a Passion for Making Mandale Craft Beer Into a Thriving Business

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Furaha Tity, femme entrepreneure et mère de cinq enfants à Kitchanga en RDC, étale des grains de maïs fermentés sur une bâche. Ces grains font partie des ingrédients servant à la fabrication de sa bière artisanale, la mandale

Publication Date

KITCHANGA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — À Kitchanga, ville rurale située dans la province de Nord-Kivu, dans l’est de la RDC, lorsque l’on voit un sachet à rayures vertes ou bleues et blanches flottant sur un bâton, c’est un signe qu’il y a quelque chose de spécial à vendre. Et devinez quoi, il s’agit de la mandale, l’une des bières locales les plus prisées.

La mandale, également connue sous le nom de «médicament du ventre», est une spécialité de bière célèbre fabriquée principalement par des femmes.  Quoique la construction par les femmes de Kitchanga d’une petite installation de fabrication artisanale dans la cité ait été un pari entrepreneurial audacieux, leur bière est populaire et leur business leur permet de pouvoir à elles seules subvenir aux besoins de leurs familles.

Furaha Tity, mère de cinq enfants et mariée à un agriculteur, est une femme entrepreneure engagée dans la fabrication de la mandale. Tity a commencé à fabriquer cette spécialité artisanale très prisée localement en 2011 quand elle était à Mweso, village situé à environ 20 kilomètres au nord, avant de s’installer à Kitchanga.

expand image
expand slideshow

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Furaha Tity doit, à plusieurs reprises, remplir ce pot avec du maïs, l’un des principaux ingrédients servant à la fabrication de la mandale étant donné qu’elle l’utilise pour transporter le maïs vers la bâche pour séchage pour trois jours au moins.

Aujourd’hui, Tity loue une petite maison où ses clients affluent pour prendre un réel plaisir avec les saveurs distinctes de son produit aux propriétés uniques. Elle en reçoit une vingtaine par jour sans compter des amis et des voisins  qui parfois passent pour lui dire bonjour et gouter à la mandale.

Tity, 31 ans, pense qu’une bonne boisson rend l’homme sage.

«J’en appelle aux habitants de mon village de consommer toujours notre boisson locale fabriquée par nous les femmes. C’est une façon non seulement de nous promouvoir mais aussi de valoriser le travail de la femme», lance-t-elle.

Mwisha Mixona, l’un des clients de Tity, estime que la mandale est la meilleures de toutes les bières locales. La mandale contient beaucoup de vitamines et de protéines, dit-il.

Tity dit: «La mesure la moins chère s’offre à 200 francs congolais seulement».

Outre sa qualité de « low cost » qui attire force gens, la mandale est une source d’inspiration pour de nombreuses femmes d’un bout à l’autre de Kitchanga et ailleurs qui s’en servent pour en faire un business florissant.

Et pourtant, la plupart des consommateurs sont des hommes, car il est rare que les femmes savourent  cette spécialité locale.

D’aucuns affirment que la mandale est une « boisson nourriture » car elle amène une force  équilibrée dans le ventre et par là on n’a plus besoin de manger.  La majorité des amateurs de la mandale sont ceux qui s’adonnent aux activités exténuantes qui exigent beaucoup d’énergie ou une force à toute épreuve tout au long de la journée. Au nombre de ces amateurs figurent les pousseurs et les concasseurs.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Romain, 42 ans, est un client de Furaha Tity. Il s’arrête régulièrement pour savourer la mandale servie dans un récipient en bois.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

La bière artisanale de Tity contient une variété de grains : maïs, sorgho et millet. Avant de mélanger les grains, ces derniers sont enfouis dans le sol pour leur fermentation pour une semaine.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Tity a une poignée de millet chez elle et dans son installation de fabrication à Kitchanga, RDC.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Une fois le maïs fermenté, Tity commence à collecter les grains et les étaler sur une grande bâche.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Le séchage des grains prend au moins trois jours en fonction de l’intensité du soleil.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Lorsque tous les grains de maïs fermentés se sèchent au soleil, les mains de Tity témoignent de son dur labeur.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Il n’est pas rare de trouver chez Tity plusieurs bâches couvertes de grains de maïs fermentés. Une fois séchés, ces grains de maïs sont envoyés à un moulin local pour leur broyage en farine fine.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

Une fois retournée chez Tity, la farine est mélangée avec de l’eau et pétrie jusqu’à former une pâte. Le mélange se fermente encore pour un jour. Ensuite, le sorgho et le millet sont ajoutés pour rehausser la saveur.

Esther Nsapu, GPJ République Démocratique Du Congo

La boisson finale, une véritable bière artisanale brassée maison, est prête à servir!

Lors d’une récente visite à sa maison, Tity a accepté de partager sa recette secrète avec le lectorat de Global Press.

Ce qu’il vous faut 2 sacs vides pour le stockage de maïs Un mortier et un pilon Accès à un moulin ou à un robot culinaire. Un espace ensoleillé devant servir au séchage des grains de maïs pour trois jours Ingrédients 100 kilos de maïs 80 litres d’eau 1 kilo de sorgho 1 kilo de millet Produit 40 littres de Mandale

Recette utilisée par  Furaha Tity pour la  fabrication de la mandale
1. Broyer les grains de maïs en petits morceaux. S’il s’agit d’une grosse quantité, prendre les grains à un moulin pour les broyer en deux ou trois pièces chacun. Si la quantité est plus petite, les découper à l’aide d’un robot culinaire.

2. Mettre les grains de maïs dans un sac en plastique, puis les enfouir dans le sol pour leur fermentation pendant une semaine. Ils gonflent jusqu’à deux ou trois fois leur volume original.

3. Ensuite, sécher les grains de maïs au soleil sur des bâches dans la cour jusqu’à ce qu’ils soient desséchés. Cela prend généralement trois jours en fonction de l’intensité du soleil. Si les grains sont séchés à l’intérieur, trouver un endroit ensoleillé où ils ne peuvent être perturbés.

4. Une fois que les grains de maïs sont séchés, les ramener à un moulin pour en faire de la farine. Ou, si vous voulez prendre du plaisir à faire un travail supplémentaire, broyer les grains avec un mortier et un pilon jusqu’à ce qu’ils soient transformés en poudre fine.

5. Broyer les grains de millet et de sorgho en poudre fine. Cela peut se faire avec un mortier et un pilon.

6. Mélanger la farine de maïs avec de l’eau, se retrousser les manches et commencer à pétrir le mélange jusqu’à obtenir une consistance pâteuse.

7. Couvrir la pâte avec du plastique et laisser fermenter au moins un jour.

8. Ajouter de l’eau au mélange jusqu’à obtenir une consistance laiteuse.

9. Enfin, pour une saveur supplémentaire, ajouter le sorgho et le millet, et vous avez la mandale!

Notes de recette: La mandale est une spécialité locale qui se boit fraîche. Elle est consommée le même jour de préparation, faute de quoi elle n’est plus consommable.

Adapté à partir de sa version originale en français par Ndayaho Sylvestre, GPJ.