LUBUNGA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – « Mon fils Emmanuel Yakanga est mort dans mes bras et jamais je ne me remettrai de cette souffrance », glisse Sakina Likunde, 50 ans.
Un jeudi après-midi, le fils de Likunde, âgé de 10 ans, souffrait d’une diarrhée grave. Et le vendredi matin, son fils a succombé à la maladie dans un centre de santé local à Lubunga, une municipalité dans la province de la Tshopo dans l’est de la RDC qui sert de sa demeure.
L’accès à l’eau potable se faisant rare à Lubunga, des épidémies de maladies diarrhéiques telles que le choléra sont devenues monnaie courante, dit Likunde.
« Avoir de l’eau du robinet serait un miracle pour nous », confie Likunde.
L’alimentation en eau des habitants dépend de la rivière Lubunga se trouvant à 10 kilomètres du village. L’eau de cette rivière sert à plusieurs usages: boisson, cuisson, douche et lavage de vêtements et d’articles ménagers.
Pourtant, des années d’usage de cette source d’eau insalubre ont été à l’origine de la propagation de maladies infectieuses, notamment le choléra. Et, grâce à un forage récemment réalisé dans le centre de Lubunga, la propagation du choléra a été bridée, favorisant ainsi les activités des habitants.
Selon un rapport 2010 du Conseil des ministres africains chargés de l’eau, plus de la moitié des ressources en eau de l’Afrique subsaharienne se trouvent en RDC, mais environ 75 pourcent de la population de cette dernière n’ont toujours pas accès à l’eau potable. Des infrastructures hydrauliques sont endommagées ou leur développement s’est fait lentement dans certains coins du pays, ce qui s’explique en partie par des années de conflits.
L’eau potable qui se fait rare fait peser une menace sur la santé publique dans le pays. Des maladies diarrhéiques figurent parmi les principales causes de mortalité en RDC – elles représentaient, à en croire le tout dernier profil statistique par pays 2015 de l’Organisation mondiale de la santé, près de 12 pourcent des décès en 2012.
Selon le Dr Samuel Bosongo, chef de la zone de santé de Lubunga, l’épidémie de choléra qui s’est abattue récemment sur Lubunga a fait irruption le 27 décembre. Et le 15 janvier, quand l’épidémie a été stoppée, 92 personnes avaient contracté la maladie, dont six ont trouvé la mort, révèle-t-il.
Peu de temps après l’épidémie, des habitants ont commencé à forer un puits avec l’aide du gouvernement provincial, faisant de Lubunga le plus récent bénéficiaire du programme « Village assaini », confie Eugène Kikuni, secrétaire de la Régie de distribution d’eau de la République démocratique du Congo. Grâce à « Village assaini », le gouvernement a, en partenariat avec l’UNICEF, construit des forages dans des communautés isolées pour améliorer l’accès à l’eau potable et développer l’hygiène et l’assainissement. Au jour d’aujourd’hui, ce programme qui a maintenant dix ans a profité à 2 850 villages à travers le pays, et selon les responsables, des forages seront construits dans 6 000 autres villages.
Au cours d’une période de deux mois, 10 ingénieurs ont supervisé la construction du forage que les habitants appellent souvent « moto pompe » et qui a 17 mètres de profondeur, explique Albert Bita, l’un des ingénieurs.
Selon Roger Solomo, chef du village, environ 1 500 personnes ont aujourd’hui accès à l’eau potable. Des habitants se servent de l’eau de cette source nouvellement créée dans leurs travaux ménagers comme la cuisine. Bosongo affirme que cela a contribué à faire baisser les cas de choléra. Comme l’indique Bosongo, de ceux qui ont contracté le choléra lors de la récente épidémie, seule une personne souffre toujours de la maladie et aucun nouveau cas n’a été signalé.
D’autres se servent de l’eau tirée du trou de forage pour poursuivre leurs petites activités économiques.
Engagée dans l’agricultrice à petite échelle, Joséphine Linyanya affirme qu’elle a, pendant des années, dû faire le va-et-vient à pied, se rendant à la rivière Lubunga trois fois par semaine pour aller chercher de l’eau pour ses récoltes. Et comme l’eau était sale, la croissance de ses récoltes en souffrait. Mais aujourd’hui, elle est à l’abri des randonnées pédestres vers la rivière et ses récoltes prospèrent, glisse-t-elle.
« L’eau du puit est venue nous sauver car nous avions longtemps souffert du manque d’eau propre », dit-elle.
Pourtant, de l’avis de certains, les habitants courent toujours le risque de contracter des maladies infectieuses en dépit de la nouvelle source d’eau. Selon Bolamba, expert en santé et assainissement, les habitants doivent faire preuve de précaution lorsqu’ils consomment l’eau du forage.
« À mon avis, les travaux de construction de ces puits de forage demeurent une nécessité », annonce-t-il. « Toutefois, il ne faudrait jamais perdre de vue la nécessité de faire bouillir l’eau de forage suffisamment pour la rendre salubre ».
Adapté à partir de sa version originale en français par Ndayaho Sylvestre, GPJ.