NAMASHUNG, NÉPAL — Les 18 familles qui vivent ici ont passé des années à construire leurs maisons et les infrastructures pour faire de ce village leur chez-soi. Le travail a commencé il y a six ans, lorsqu’ils se sont rendus à l’évidence que leur village ancestral de Samzong ne pourrait plus soutenir leurs traditions agricoles et pastorales. Les sources d’eau avoisinantes s’étaient asséchées et il n’y avait aucune bonne option pour trouver de l’eau par d’autres moyens.
Lorsque la famille royale de la région a fait don à ces familles d’environ 25 acres (environs 10 hectares) dans une zone à environ cinq miles (8 km) au sud-ouest du village de Samzong, les travaux éreintants de construction des maisons et labourage de la terre ont commencé. En 2017, le nouveau village de Namashung a célébré sa première récolte. (Global Press Journal couvre le village depuis 2013. Lisez ici un reportage de cette année-là, et ici un reportage de 2017.)
Toutefois, le déménagement de Samzong à Namashung n’est pas terminé. Les familles disent maintenant qu’elles sont coincées avec un pied dans chaque village.
« La moitié de la famille vit à Samzong et l’autre moitié à Namashung, » explique Rinzen Dorje Bista, un habitant des deux endroits. « Il n’y a pas de routes vers Samzong, et il faut deux heures pour y arriver. »
L’isolement de Samzong était l’une des principales raisons pour lesquelles les villageois ont choisi de partir. Mais cet isolement les empêche également de partir complètement. Les gens disent qu’il ne peuvent pas déplacer le bétail et autres biens de valeur sans qu’une route ne soit achevée entre les deux endroits.
Les travaux avaient commencé sur une route reliant les deux villages, mais ces travaux se sont arrêtés il y a deux ans, lorsque le gouvernement local s’est rendu compte que tous les habitants de Samzong avaient l’intention de partir.
Les travaux se sont arrêtés trop tôt, dit Tsenjung Gurung.
« Nous ne sommes pas capables de nous déplacer entièrement », dit-elle. « Notre fumier est stocké à Samzong, et il y en a beaucoup. »
Gurung dit qu’elle espère que le gouvernement local terminera la route, mais ceci est peu probable.
« Nous ne pouvons pas construire des routes vers Samzong uniquement pour que les gens transportent leurs biens », déclare Subarna Bista, président de la municipalité rurale de Lo Manthang, une division du gouvernement local. « Si nous construisons des routes, il faut qu’elles soient utilisées régulièrement. Si les gens restent à Namashung et Samzong, alors nous pourrons peut-être faire les routes. »
Il y a aussi une autre option : le village de Samzong pourrait être transformé en site historique et attirer les touristes. Dans ce cas, le village serait mieux sans route, pour conserver son aspect d’origine et son isolement.
« Je préférerais que notre village soit transformé en musée », déclare Pasang Tshering Gurung, un autre habitant de Samzong.
Mais le reste des habitants de Samzong ont voté contre cette idée, dit Pasang Gurung, et veulent plutôt que la route soit construite.
Le village restera divisé jusqu’à ce que quelque chose change: la moitié de chaque famille continuera à construire l’avenir à Namashung, tandis que l’autre moitié vit dans le passé, à Samzong.
NOTE DE LA RÉDACTION: Le nom Gurung est courant dans la région où se déroule ce reportage et n’indique pas nécessairement que les sources soient directement apparentées.
Shilu Manandhar de GPJ a traduit toutes les interviews du népalais. Traduit par Soukaina Martin, GPJ.