Haiti

Haïti : une organisation dit stop à la circulation des images d’accidents de la route sur des réseaux sociaux par des jeunes qu’il appelle à plutôt apprendre à porter secours

À Haïti, les accidents de la route sont monnaie courante. Pourtant, l’arrivée des intervenants de première ligne se fait souvent attendre. Et, partant, une organisation locale offre aux jeunes une formation aux premiers soins pour leur intervention avant que cette arrivée ne se concrétise.

Read this story in

Publication Date

One Organization Asks Young People to Stop Putting Car Accidents on Social Media, Learn to Help Instead

Anne Myriam Bolivar, GPJ Haïti

Marie Esther Jean, 21 ans, affirme avoir décidé de suivre la formation aux premiers soins, car elle était lasse de voir des jeunes filmer des accidents. Elle veut plutôt être capable de porter secours.

Publication Date

PORT-AU-PRINCE, HAÏTI — Des blessés graves et des morts, voilà le bilan des rues de la capitale haïtienne imputable à la fréquence des accidents de la route.

Prêts à prendre les choses en main, un groupe de jeunes adultes se sont donné rendez-vous dans ce qui fut jadis un hôpital militaire.

Ils ont tous le même objectif : suivre une formation aux premiers soins.

« J’ai vu trop de gens souffrir pendant un accident, et cela m’a motivé pour participer afin d’aider », déclare Marie Esther Jean, 21 ans, qui a suivi formation.

Cette formation, dispensée par STOP Accidents – une organisation non gouvernementale locale, porte sur des notions de base en soins d’urgence aussi variées que la réanimation cardio-respiratoire, les bandages improvisés, la prise en charge d’hémorragie massive et la prise de décision en cas de crise.

« Je me plains toujours du fait que la majorité de nos jeunes ici utilisent leurs téléphones portables pour filmer au lieu d’aider en appelant une ambulance », se désole Jean. « On sait bien qu’une victime a besoin d’aide, non pas de photographie ni de vidéo ».

Aux dires des activistes de la sécurité routière, ce genre de formations permettent aux passants de porter secours en cas d’accident de la route.

« Cela peut aider bon nombre de gens à éviter la mort lors des accidents », confie Jean, ajoutant qu’il conseille à ses amis d’apprendre eux aussi les gestes de premier secours pour être prêts à être utiles la prochaine fois qu’ils tomberont sur un accident de la route.

À en croire le Fonds des Nations unies pour la population, les jeunes représentent plus de 30% de la population d’Haïti. Et souvent, les accidents de la route impliquent directement les jeunes, révèle Garnel Michel, coordinateur de STOP Accidents.

Ils sont le plus susceptibles d’aider ou le plus susceptibles d’être impliqués, déclare-t-il.

Depuis 2016, l’organisation Services techniques et opérationnels pour pallier aux accidents (STOP Accidents), mène des campagnes de sensibilisation et d’éducation axées sur la promotion de la sécurité pour tous les usagers de la route. Toutefois, les premières minutes suivant un accident étant importantes, l’organisation cible une population jeune nombreuse du pays avec un message : Joignez- vous aux clubs de formations en premiers soins pour aider à sauver des vies.

Une chose est certaine, il n’existe pas de données fiables sur le nombre d’accidents survenus sur les routes haïtiennes. Souvent, des conducteurs et des piétons pointent du doigt des motards qui conduisent dangereusement et des routes en piteux état ici. C’est aussi, entre autres choses, l’arrivée des services d’urgence qui se fait attendre qui pose problème.

Aujourd’hui, l’organisation compte quatre clubs de formation de jeunes aux premiers soins comptant chacun plus de 50 membres. Les coordinateurs envisagent de créer davantage de clubs dans les coins reculés du pays où l’arrivée du secours formel peut particulièrement se faire attendre.

Permettre aux jeunes d’acquérir des compétences nécessaires pour porter secours immédiatement après un accident pourrait changer les choses, assure Luckner Dorvelus, médecin et directeur de formation à STOP Accidents.

« Vu la faiblesse du système médical haïtien, on a décidé, outre des sensibilisations, d’envisager de faire des formations pour les gens qui prennent parfois le plaisir de ne pas poser des actions face aux gens qui ont besoin d’aide », confie Dorvelus.

Après la dernière formation en date, l’un des bénéficiaires qu’est Orline Steril déclare qu’elle se sentait enhardie par les nouvelles compétences qu’elle a apprises.

« Un accident peut subvenir à n’importe quel moment », dit-elle. « Cette formation me permettra de me rendre utile à communauté ».

Adapté à partir de sa version originale en français par Ndahayo Sylvestre, GPJ.