KIGALI, RWANDA — C’est en fin d’après-midi, et tout un groupe de gens font la queue sous un soleil de plomb près d’une source naturelle située au pied de la colline de Kibagabaga à Kigali, capitale du Rwanda.
Comme le temps passe, certaines gens munis de leurs récipients d’eau dans une file d’attente en ont marre, et choisissent plutôt de se rabattre sur l’eau sale d’un marais voisin.
S’il est frustrant de devoir attendre en file pour avoir accès à l’eau de source, puiser l’eau sale est encore pire que ça, surtout pour les habitants de ce quartier, dont les ménages figurent parmi les 36 pourcent des ménages à Kigali jouissant du luxe des robinets fournissant de l’eau courante propre.
Il est de plus en plus courant de voir des robinets dans leurs foyers se tarir.
Par le passé, l’approvisionnement en eau était intermittent. Mais depuis quelque temps, l’eau ne coule des robinets que trois jours sur sept.
Tout récemment, Ezechias Shumbusho a fait la queue sur une source. Selon lui, la pénurie croissante d’eau n’est pas sans conséquences pour les familles et leurs activités.
« Il faut une solution durable », dit-il, ajoutant que la pénurie fait grimper le prix de l’eau. Et nombreux sont les gens qui se tournent vers la source naturelle pour y faire la queue.
Chez les porteurs d’eau, un bidon d’eau est généralement proposé à 100 francs rwandais, mais en période de grave pénurie, l’eau voit son prix tripler, atteignant ainsi 300 francs rwandais.
Le Rwanda, pays d’Afrique centrale, a connu des progrès spectaculaires en matière d’infrastructures ces dernières années. Seulement, l’accès à l’eau propre et potable demeure un défi constant. L’accès à l’eau courante dont l’approvisionnement est assuré par la Société d’eau et d’assainissement (WASAC), n’est pas encore une réalité pour la plupart des Rwandais. Parcourir de longues distances à pied pour puiser de l’eau des sources naturelles reste monnaie courante ici, et les conséquences sanitaires dues aux maladies hydriques continuent à poser problème.
Selon la WASAC, 199 113 ménages au Rwanda disposent des robinets raccordés à son réseau d’approvisionnement en eau. Mais la capitale abrite, à elle seule, la majorité de ces ménages et compte 103 318 robinets. En 2015, la capitale comptait plus de 1,3 million d’habitants.
Le secteur administratif de Kimironko est l’un des quartiers où la plupart des maisons ont des robinets raccordés au réseau de la WASAC. Dominique Murekezi, directeur de la WASAC, est conscient des pénuries récentes qui, selon ses dires, sont le résultat de la rareté d’eau dans la zone autour de Kimironko.
Toutefois, il existe une solution à ce problème, assure-t-il.
Une nouvelle usine de traitement d’eau appelée Nzove III en est aux étapes finales de sa construction. L’usine permettra d’accroître l’accès à l’eau de 40 000 mètres cubes par jour, révèle Murekezi, ajoutant que cette usine suffira à augmenter les approvisionnements en eau en faveur de Kimironko et d’autres zones qui, aujourd’hui, souffrent de la pénurie d’eau.
Pourtant, la majorité des Rwandais continueront d’être touchés par les pénuries d’eau dans un avenir prévisible.
« Je regrette de n’avoir d’autre choix que de passer des heures et des heures ici à attendre l’eau imprévisible », déplore Gilbert Urimubenshi, habitant de Kigali. « Je dois venir ici pas mal de fois car un seul jerrycan ne suffit pas pour mes besoins domestiques en eau ».
Adapté à partir de sa version originale en kinyarwanda par Ndayaho Sylvestre, GPJ.