KISANGANI, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — À l’aide des scientifiques du projet de multiplication des bananerais de l’Université de Kisangani, la production bananière connaît un boom cette année.
« On peut les griller et les bouillir et ensuite les manger avec des haricots », raconte Hélène Boyebande, mère au foyer.
Selon Boyebande, 35 ans, la banane se faisait rare ces dernières années, mais la région se réjouit de son abondance aujourd’hui.
« J’avais parfois des difficultés à nourrir mes enfants avec un petit budget, et par bonheur, la banane est tellement moins chère que je peux nourrir mes trois enfants avec 1 000 francs congolais seulement », confie-t-elle.
L’an dernier, des scientifiques ont mis à la disposition des agriculteurs des plants de banane en pleine santé et produits en labo, ce qui a redynamisé la production. Aujourd’hui, on se sert de l’excédent de la production bananière pour fabriquer de la farine de banane, une solution de rechange bon marché permettant de juguler la malnutrition dans la région.
La banane reste l’une des cultures les plus populaires en RDC. Pourtant, on a assisté à la baisse de la productivité ces dernières saisons. Cette baisse s’explique par l’épuisement du sol, les dommages dus au vent et les pratiques agricoles traditionnelles qui font abstraction de l’usage des engrais. À cela s’ajoute l’absence de variétés résistantes aux ravageurs et aux maladies.
« J’aime la farine de banane car elle est très lisse et facile à préparer », dit Boyebande. « Il suffit de la mélanger avec de l’eau froide, puis de la laisser cuire au feu, et tout est prêt en moins de 20 minutes ».
Le professeur Benoît Dedh’a Djailo, directeur d’un projet de multiplication des bananerais de l’Université de Kisangani, affirme que son programme a dégagé de nouvelles solutions pour augmenter le rendement de la banane dans la forêt voisine.
La province de la Tshopo, au nord-est du bassin du Congo, est le terroir des milliers de bananiers qui contribuent à la sécurité alimentaire dans la région, raconte-t-il.
« La culture de la banane reste la troisième plus importante source de revenus pour des ménages, après le riz et le fufu », annonce Djailo, faisant allusion au mélange pâteux du manioc ou de la farine de maïs et de l’eau.
Le laboratoire de génétique végétale, d’amélioration des plantes et de biotechnologie de la Faculté des sciences de l’Université de Kisangani, en partenariat avec le laboratoire de la Faculté de Bioingénierie de la Katholieke Universiteit Leuven en Belgique, a produit, dans des conditions de culture en serre, plus de 29 000 plants résistants aux maladies, les mettant ainsi à la disposition des agriculteurs en 2017.
« Améliorer la production de masse des plants de banane in vitro, en les mettant à la disposition des agriculteurs pour qu’ils aient la production excédentaire à vendre, voilà notre objectif premier », explique Djailo.
À en croire les scientifiques, les agriculteurs dans toute la région ont accueilli favorablement ces plants.
« J’estime à 98 pourcent de réussite pour leur production », explique Vincent Mongengo, 24 ans, laborantin.
De l’avis des agriculteurs ayant bénéficié de ces plants, les résultats de la récolte sont prometteurs.
« Cette nouvelle technologie m’a aidé à me retrouver dans la vie », remarque Marc Amundala, Amundala, agriculteur de 45 ans et père de cinq enfants. « Aujourd’hui, mes bananiers grandissent sans aucun problème ».
Les consommateurs, eux aussi, affirment que le boom de la banane auquel on assiste grâce au laboratoire est une bonne chose.
« À l’époque, un régime de bananes s’achetait à 5 000 francs congolais, mais avec l’augmentation de la production, les prix ont baissé. Et le même régime se vend à 2 500 francs congolais aujourd’hui », explique Mado Lifaefi, commerçante à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo.
Selon Didy Onautshu, chercheur au laboratoire, la farine de banane contribuera également à juguler la malnutrition.
Selon ses dires, la farine de banane est l’un des principaux avantages du boom de la banane à Kisangani.
« Nous voulons à ce que la population boyomaise se retrouve dans la nouvelle technologie et ait plus facilement accès à la farine de banane », souligne-t-il.
Lorsque la fille de Solange Amisi souffrait de la sous-alimentation et perdait du poids, elle a pu se rétablir principalement grâce à la farine de banane, révèle Amisi.
« Grâce à la farine de banane, elle a récupéré sa santé », révèle cette mère de trois enfants et âgée de 45 ans.
Adapté à partir de sa version originale en français par Ndayaho Sylvestre, GPJ.