Democratic Republic of Congo

RDC: cri d’alarme pour le respect de la culture congolaise face à l’engouement de certains pour des modes étrangers

Une chronique mensuelle avec des histoires sur les nuances et les réalités de la vie à Kirumba, République Démocratique du Congo.

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KIRUMBA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — Ma grand-mère ne cessait de le dire, chaque femme congolaise doit savoir faire de sa cuisine un vrai délice.

Grandir avec mes grands-parents, en voilà une chance qui m’a souri. Je garde un bien vif souvenir de haricots, de patates douces, de taro, de courges et de manioc qu’elle préparait dans une seule et même casserole.

Ce qu’il y avait de mieux dans l’art culinaire de ma grand-mère et dans la façon dont elle me l’a appris, c’était sa simplicité et la manière dont il servait à préserver les vitamines et les éléments nutritifs des richesses alimentaires de notre terroir. Jamais ma grand-mère ne faisait recours aux arômes artificiels. Et moi aussi j’ai fait mienne cette tradition.

Aujourd’hui, c’est avec une grande fierté que des Congolais de ma communauté semblent copier les cultures occidentales, faisant litière des délices de leur propre culture.

De nos jours, il n’est pas rare de voir des légumes trempés dans l’huile et garnis d’ingrédients manufacturés. Oh, comme elle blesse mon cœur, cette propension de mes compatriotes à se débarrasser de nos modes de vie pour embrasser les habitus et les goûts étrangers!

Cet engouement nous inonde sous d’autres formes aussi. Ici, des femmes et des filles brillent par leur envie inédite et intarissable de blanchir leur peau. Ce qui est d’autant plus étrange, c’est que je vois des femmes acharnées à user des crèmes éclaircissantes importées pour en finir avec leur peau noire. Et pourtant, ces crèmes sont connues pour ronger leur peau.

Et pourquoi, d’après vous, les gens pensent-ils que les cultures étrangères sont meilleures que les leurs?

La conclusion à laquelle je suis parvenue, en tant que journaliste, c’est que les médias en sont responsables. Valoriser notre culture, faire honneur au génie de nos ancêtres ou parler d’un avenir prometteur restent le cadet des soucis des médias classiques de la RDC. Dès lors, nous devons nous tourner vers la culture occidentale pour trouver ces récits dans les médias.

Étant l’une des rares femmes journalistes travaillant pour des publications internationales dans cette région, je vais davantage faire usage de ma carrière pour rappeler à mes voisins et au reste du monde que notre culture est la bonne et que notre avenir est prometteur.

Adapté à partir de sa version originale en français par Ndahayo Sylvestre, GPJ.